Béatrice Bonhomme obtient le prix Mallarmé 2023 pour Monde, genoux couronnés, paru aux éditions Collodion (Mers/Indre).
C’est le 7ème ouvrage de la même auteure publié aux éditions Collodion : La grève blanche en 1999, Nul et non avenu en 2002, Mutilation d’arbre en 2008, L’indien au bouclier en 2014, Dialogue avec l’anonyme (Prix Vénus Khoury-Ghata) en 2019, Proses écorchées au fil noir en 2020 et Monde, Genoux couronnés en 2022 (voir les livres dans le catalogue).
Présentation de la poète :
Béatrice Bonhomme, est poète, critique littéraire et directrice de la revue Nu(e). Ses premiers poèmes paraissent en 1991. Elle œuvre, depuis 1994, pour une meilleure reconnaissance de la poésie contemporaine.
Citons quelques-uns de ses livres de poèmes : Dialogue avec l’anonyme (Collodion, 2018), Les Boxeurs de l’absurde (L’Etoile des limites, 2019), Proses écorchées au fil noir (Collodion, 2020) et Monde, genoux couronnés (Collodion, 2022). C’est pour ce dernier recueil que le Prix Mallarmé lui a été décerné le 9 juin 2023.
Elle a fondé en 1994 la Revue Nu(e), revue de poésie et d’art qui a consacré 81 numéros à la poésie contemporaine et paraît désormais en ligne sur POESIBAO. Elle dirige La Société des lecteurs de Pierre Jean Jouve. Dans le cadre de l’Université Côte d’Azur et du Centre culturel de Cerisy, où elle a dirigé plusieurs colloques, elle a édité de nombreux ouvrages et publié plusieurs études et articles sur la poésie moderne et contemporaine. Un livre sur l’œuvre poétique de Béatrice Bonhomme Le mot, la mort, l’amour chez Peter Lang est paru en 2012. Deux revues Poésie-sur-Seine et Coup de soleil lui ont été consacrées (2020-21).
Présentation de l’ouvrage :
J’ai édifié huit chants, huit séquences car j’aime la perfection du chiffre 8, dont on peut vérifier l’harmonie octogonale dans certains monuments. L’idée est celle d’une architecture avec une dimension chiffrée qui va vers l’être que nous portons en nous.
Deux initiatrices accompagnent le cheminement, deux figures tutélaires féminines. Juste après une séquence introductive sur le lien symbiotique au monde : « Devenir d’arbre », la grand-mère intervient qui donne la couture, la broderie, le tissage : « Le Cœur de la brodeuse », puis, plus tard dans le recueil, la mère donne la fascination pour la lecture et les mots : « Le Matin des mots ». Puis à la fin du recueil l’être intérieur nous attend dans sa lumière et sa nudité.
Dans l’intervalle, ce que j’essaie d’exprimer, c’est la relation au monde, la porosité à tous les règnes de la nature. Le lien au cosmos, à tous les êtres les plus humbles, les plus minuscules, cette place essentielle de liberté dans une affirmation d’un monde qui ne serait pas seulement dominé par l’humanité, mais respectueux et sensible à toutes les formes de vie.
Cette partie résiste à une forme de pensée qui a fait la démonstration de son danger foncier pour le monde et par contrecoup pour l’homme. Elle résonne avec le titre qui évoque un monde asservi et mis à terre, genoux en terre, comme un cheval aux « genoux couronnés » et que l’on va abattre (le terme « couronnés » faisant allusion également aux années du corona virus et à ce qui va vers la contagion, l’épidémie et la guerre).
Puis j’évoque l’ouverture à l’autre avec ses difficultés, ses ombres mais aussi ses lumières. C’est sur le terme de « lumière » que s’achève le recueil après un parcours à travers l’être au monde.
Extrait du texte :
Elle était de la trempe de la lumière
De la coulée des oiseaux
Du courage des gens de la terre
De la matière de vent et d’eau.
Elle accordait son fil
Au ravaudage des saisons
Savait broder le monde
Sur sa toile de silence.
(page 32-33)
Le matin essoré de silence
Nous redresse comme couronnés
De sueur
Tout tourne les mondes
En attente de l’impossible
Sa propre absence irrésignée.
(page 80)

