nos silences animaux

Texte de Serge Ritman

6 dessins de Laurence Maurel et une vignette en couverture

68 pages en impression numérique sur papier olin 110 gr

Impression typographique de la couverture sur olin 250 gr

ISBN : 979-10-96288-23-6

prix : 12 €

Présentation de l’ouvrage :

Lire, écrire seraient des activités qui emportent quand elles sont vraiment un engagement de tout le corps et de toute la vie dans et par le langage. Dans ce livre l’emportement se cristallise avec le verbe bondir qui associe pour son narrateur écrire et dessiner, vivre et aimer, s’engager et penser… Un tel verbe ne peut que rappeler combien l’humanisation toujours en cours est inséparable des vies animales, de leur bondir propre. Devenus nôtres, ce sont ces silences animaux qui nous constituent, puisque les animaux n’accèdent au langage que par signes. Le narrateur tente, dans des textes cherchant leur brièveté, de faire résonner ces mouvements silencieux dans des poèmes que les dessins de Laurence Maurel viennent comme montrer dans leur bondissement même.

Serge Ritman, novembre 2021

dessins de Laurence Maurel (vignette de couverture)

Note de lecture :

Au sujet de NOS SILENCES ANIMAUX DE SERGE RITMAN
Que de savoureuses impertinences dans les méandres de ces mille pistes tracées par nos
silences animaux ! Une poésie qui nous tire la langue, nous tire par la manche, nous retire de
notre langue ; une poésie qui se tait parfois sans faire défaut.
Une injonction de lire dans l’urgence et de relire minutieusement entre chien et loup. Rien que
des signes à la frontière du corps, là même où s’arc-boute l’écriture. Et le poète espiègle recrute
ses partisans lecteurs pour aller fourrager dans les tiroirs de nos incapacités à sauter le pas.
Lire est rebroussement, éloignement depuis un début confié aux sueurs froides d’une
grammaire remise en liberté. Un arrachement instantané, puis la glissade du mot au fin fond
de sa rébellion. Infiniment plus qu’une gambade parmi les césures, c’est l’ébriété retrouvée ;
c’est le jour qui tremble, les nerfs d’une invention qui a perdu pied. Des précipités
s’entrechoquent, un empressement se remémore la halte de la page blanche sur son lit de
rumination, les syllabes ciselées trouent par leurs allers et retours les appareils de transactions
secrètes, le poème s’ébranle, il affole son vers brusqué.
Une ébauche charbonne son dérapage sur le crépi d’un mardi-gras crayonné en coulisse. Il y a
de l’indénichable dans ce chassé-croisé de cambrures et de torsions. Des bêtes s’étirent et
bâillent à l’avant-scène d’une dixième dimension. Des bêtes interdites trament des drames au
creux d’un empierrement. Des bêtes empiètent sur le caillot du silence. Des bêtes tisonnent
leurs entêtements et survolent une béance. La mélodie d’un essor.
D’ailleurs, ne s’agirait-il que d’un passage de l’alcôve au ring ; une ruelle où se ruent des
ponctuations fantômes ; le ru du poème charriant son lot de bestioles alphabétiques. De nasses
endommagées en cages saccagées, ce ne sont qu’escapades, trocs d’étreintes contre
uppercuts, tandis qu’un filet de voix zigonne entre glotte et dents, ailleurs.
Encore faudrait-il que le lecteur ait l’ouïe assez fine pour entendre ce bruissement de tripe, ces
coups de consonnes répétés dans le thorax de la strophe, ces susurrements vocaliques des
livres qui épèlent à contre-temps les lettres amadouées d’un ébrasement de l’air. L’œil
également devrait être de la partie parce que ça vibrionne du côté de ce papier Olin Naturel.
Une rage pour en finir avec l’image, pour en découdre avec l’empreinte jumelle d’une
illustration limogée. Ici, il n’est question que de ricochets, du geste initial, de l’éraflure tombée
à pic sur la page. Une démangeaison de la page, un désir de sentir la page, une fringale de
taches, de traits, de mine de plomb, de fusain, de lavis. Rebondir de page en page ; reluquer,
se goinfrer, picoler. Être un lecteur, un goujat, une bête qui crève de soif.
Une grande envie de brandir ces dessins, de brailler le texte. Sans vraiment savoir, nous dit
SERGE RITMAN, sans arrêt de parole, nous dit-il plus tard.
À tire-larigot, NOS SILENCES ANIMAUX tire à vue sur les tire-au-flanc de l’écriture, sur les tire-au-cul
de la lecture. NOS SILENCES ANIMAUX fait mouche.
JOËL FRÉMIOT, janvier 2022

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Illustré par Laurence Maurel
Retrouvez le travail de ces artistes sur le site des Éditions Collodion : Serge Ritman, Laurence Maurel